jeudi 6 janvier 2011

Incertitudes

Tarn regarda Loohy intensément. « Vous êtes sérieuse ? » lâcha-t-il après un bref moment. « J’ai l’air de rigoler ? » rétorqua-t-elle. Durant une fraction de seconde, il eût envie de répondre « oui », mais s’abstînt.

« Comment voulez-vous que je fasse un lien entre des disparitions et des bouts de soie, d’ambre et une dent ? Ce sont des objets usuels qui appartiennent à l’ensemble des cultures des Sorcières ! » Loohy le regardait, l’air vaguement frustré, irrité ou désespéré, il ne pouvait dire. « Très bien », abandonna-t-il, « je vais essayer d’en apprendre plus ». Déjà Loohy tournait les talons, avait-elle un sourire au visage, Tarn n’aurait pas pu le voir, à peine avait-elle prononcée deux syllabes dans un demi-souffle « merci ».

Assis dans le capharnaüm qui lui servait de bureau au Musée d’Histoire Naturelle, Tarn regardait alternativement les objets devant lui. Puis posa sa tête dans ses bras en signe de désespoir. Il était grand temps de prendre un cigarra et un café. S’il était certain d’une chose, c’était qu’aucun des objets devant lui n’allait le renseigner. En revanche, il y avait peut être un lien entre Dathomir et les disparitions. Après tout, l’expédition avait ramené bien plus de Dathomir que ces trois objets. Il craignait cependant que ce qu’elle avait ramené ne fut utile qu’à l’Université au sens large – voire très large – du terme.

De la soie d’araignée, du cuir de wuffa, des dents de rancors, de rares herbes séchées, de l’ambre, des graines d’arbre et de plantes diverses, des tapisseries, des étoffes, des statuettes, des vêtements et des masques, autant de trésors d’ethnologues et de xénobiologistes, mais cela serait-il suffisant ?

Il laissa de côté l’aspect matériel et se concentra sur les informations que l’expédition avait glanées. La politique des Clans, les mœurs des Sorcières, leurs connaissances de la Force mais aussi leurs références à l’Ordre Jedi, leurs relations diverses avec l’Empire. Il lu et relu ses notes durant de nombreuses heures.

La sorcière Rubina avait fait allusion au Chu’unthor – un vaisseau Jedi – et décrit les différents Clans en termes de Jedi ou de Sith. Clairement, les sorcières avaient une connaissance de l’Ordre.

Le fantôme de la matrone du Clan du Rocher Hurlant, Amaya Kimeri avait, quant à elle, fait allusion à une présence impériale sur la planète. Une présence qui dérangeait « l’aura » de la planète et qui semblait avoir été responsable de l’étrange affliction qui avait décimée son Clan.

Les débris du vaisseau que Rubina avait cru être le Chu’unthor étaient celui d’un vaisseau qui s’était écrasé sur la planète il y a de nombreuses années. A l’évidence, en dépit du blocus impérial, un certain nombre de personnes tentait de faire des allers-retours. Soit dit en passant, cela était par ailleurs confirmé par l’unes des questions hypothétiques que posait une Sorcière exilée, « je surprends une Sœur en train de torturer des esclaves Offworlders… ». Il fallait donc bien qu’il y en ait.

Pour autant, rien de tout cela ne pointait dans la direction d’une présence extragalactique qui se livrait à des enlèvements. Si une preuve, même indirecte, existait sur la planète, il fallait encore la découvrir. Quant à savoir si parmi les esclaves présents se trouvaient les recherchés, cela relevait de l’impossible. Les Sorcières traitaient leurs esclaves comme une propriété et Tarn doutait qu’elles gardent une trace de leurs échanges. Il regarda ses notes à nouveau, certaines observations au sujet des esclaves aideraient peut-être à y voir plus clair. La question du rapport des Sorcières à leurs esclaves était évoquée dans deux des dilemmes moraux auxquels les Sorcières exilées devaient répondre.

« Je surprend mon esclave favori dans la couche d’une autre Sœur du Clan. » « Tue les deux sous le coup de la colère pour leur trahison ou bien Si elle le désire pour elle-même permet lui de proposer une marchandise équivalente. ». L’autre dilemme était lui aussi fort curieux. « Une Sœur du Clan souhaite l’amour de son esclave ». « Enseigne lui un sort pour qu’elle contrôle son esprit et qu’il lie son esprit à elle ou bien Offre lui tes conseils pour qu’elle puisse gagner son cœur ». « Tout un programme » pensa-t-il. « On comprend mieux pourquoi l’homme qui s’était évadé n’avait plus toute sa tête ». « Justement…Où est cet homme actuellement ? A défaut, a-t-on une trace de ce qu’il prétend ? » Tarn regarda le chrono à son poignet, il fut tenté d’appeler Loohy, mais se ravisa au vu de l’heure avancée.

L’odeur du café le réveilla. Il leva les yeux, Elia, la guide du musée le regardait amusée. « Dormi ici patron ? » Elle pointa du doigt en sa direction « A voir la trace de votre manche sur votre visage, pas la peine de répondre ». Une demi-heure plus tard, il laissa sur le communicateur de Loohy un message lui demandant de lui transmettre les informations qu’avait rapporté l’esclave en fuite.

Elles étaient maigres et semblaient incohérentes, mais après une longue et fastidieuse vérification (et quelques prises de contact) malheureusement, lui apportaient les réponses qu’il cherchait. Il aurait voulu qu’il en fût différemment.

« Madame le Maire, après avoir étudié les éléments en ma possession, il apparaît qu’un réseau clandestin d’esclaves existe au sein de la société Dathomirienne. Ce réseau est composé d’esclaves en fuite et d’esclaves encore asservis. Leur réseau est dirigé par un homme qui se fait appeler Reen, actuellement au service de la Matrone du Clan du Grand Canyon ou bien du Clan des Chutes Brumeuses (l’information est incertaine). Selon le réseau en place, les derniers esclaves capturés provenaient d’une prison impériale et d’un vaisseau récemment écrasé, le Tzarina. A moins que votre époux ait eu un lien avec l’administration pénitentiaire de l’Empire ou ait utilisé la compagnie Star Tours récemment, ces pistes devraient être non-concluantes. Par ailleurs, les Sorcières de Dathomir ne réduisent en esclavage que les hommes, les femmes que nous recherchons ont donc peu de chance d’être leurs prisonnières.

Je recommande néanmoins que nous poursuivions nos investigations sur Dathomir, il semblerait que la planète recèle de nombreuses surprises – à commencer par cette prison ou bien l’étrange mal qui frappa le Clan du Rocher Hurlant. Les connaissances de la Force des Sorcières méritent par ailleurs une étude plus approfondie. Enfin, il semblerait au vu d’informations partielles, que les Kwi, animaux bipèdes soient une espèce intelligente ou semi-intelligente. Si tel était le cas, nous pourrions par leur entremise apprendre plus encore sur la planète.

Amicalement,
Tarn ».

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